Car, parler des dominicaines – moniales, sœurs, consacrées et laïques – c'est d'abord parler de la part immense qu'elles ont pris, et qu'elles prennent aujourd'hui dans ce travail de l'évangélisation, dans cet engendrement de l'espérance par « l'évangélisation de la Parole de Dieu » dans le monde. Les lieux de prière et de fraternité, de contemplation et d'hospitalité que sont les monastères de l'Ordre sont les premières pierres de la prédication. En ces lieux ce sont les appels et les besoins, les peines et les espoirs du monde entier qui sont repris dans la prière des sœurs et présentés au Père. La contemplation dominicaine est ainsi, de part en part, prédication. Il est bien impossible d'énumérer les innombrables engagements, amitiés et œuvres menés par les sœurs apostoliques de l'Ordre. Ce sont toujours des présences et des actes qui font de la Parole une bonne nouvelle pour leurs contemporains. Avec ce souci spécifique de trouver comment traduire le désir que « s'allume le feu » de la grâce de l'Esprit en ce monde. Souci manifesté au fil des siècles par leurs fondatrices ou fondateurs, dans des contextes où la place et la reconnaissance des femmes n'étaient pas évidentes. Pour les sœurs laïques, dans leurs familles, leurs groupes d'amitié, leurs lieux professionnels, c'est encore cette grande créativité et diversité qui se manifestent pour donner à voir, et à entendre, la Parole comme une bonne nouvelle d'où peut naître l'espérance de la résurrection.

Parlant des dominicaines et la prédication, je ne voudrais pas développer le thème de la complémentarité, si évidente, ni non plus celui du ministère ordonné de la prédication. Comme on l'aura compris, la question n'est pas d'abord ce que l'on fait, mais ce que l'on apporte au bien commun de la sainte prédication, et comment tous ensemble nous pouvons nous organiser pour recevoir ce qui est offert. Les dominicaines, je crois – mais c'est à elles qu'il revient de l'exprimer – apportent à la sainte prédication une expérience spécifique de la relation au Christ, une manière particulière d'étudier la Parole, un mode précis d'organisation de leur fraternité, une vulnérabilité à ce qui fait naître et mourir le monde qui leur est propre, une façon de dire Dieu. Elles apportent aussi la grande diversité des interprétations de l'intuition dominicaine telle que leurs fondatrices la leur ont transmise, et tout spécialement une compréhension fulgurante, à un moment donné de l'histoire humaine, de l'actualité de l'intuition de Dominique dans tel ou tel contexte, ou milieu, pour telle ou telle tâche du service de l'humanité. Va dire à mes frères ! Tel serait peut-être ce qu'il faudrait que nous enseignent nos sœurs, laïques et religieuses. Tel serait aussi, sans doute, ce que les frères pourraient avoir envie d'apprendre. Apprendre le monde ensemble, et en cette année tout particulièrement les frères par les sœurs et les sœurs entre elles au-delà des divergences, pour laisser s'ouvrir au cœur de la sainte prédication d'aujourd'hui une soif de la Parole de résurrection. Dans une famille, les liens les plus solides et les plus beaux sont souvent ceux qui se tissent par le partage des joies et des peines, par l'offrande mutuelle des amitiés partagées, par le soutien mutuel quand l'épreuve du monde nous fait douter de savoir comment y trouver notre avenir. Dans une famille, n'est-ce pas bien souvent les femmes qui font le lien, garantes du lien entre les êtres parce qu'elles engendrent à la vie, elles qui inspirent suffisamment confiance pour que l'ensemble des membres aient le désir de naître à nouveau dans la fraternité et dans la filiation ? Et pour nous, dans la famille de Dominique, le désir d'apprendre à écouter et à aimer le monde comme des filles et fils du Père et comme des sœurs et frères de l'humanité, le désir d'être, dans ce monde, comme des « sacrements de la fraternité ».

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