Nwaihim - Sainteté, je m'appelle Nwaihim, unité G11.
Saint-Père, le mois dernier vous êtes allé en visite pastorale en Afrique, dans la petite nation du Bénin, une des nations les plus pauvres du monde. Vous avez vu la foi et la passion de ces hommes envers Jésus-Christ. Vous avez vu des personnes souffrir pour diverses raisons: racisme, faim, travail juvénile...
Je vous demande: ils mettent leur espérance et leur foi en Dieu et meurent entre pauvreté et violence. Pourquoi est-ce que Dieu ne les écoute pas? Peut-être que Dieu écoute seulement les riches et les puissants qui au contraire n'ont pas la foi ? Merci Saint-Père.

Benoît XVI - Je voudrais d'abord dire que j'ai été très heureux sur votre terre; l'accueil des Africains a été extrêmement chaleureux. J'ai fait l'expérience de cette cordialité humaine qui est un peu obscurcie en Europe, parce que nous avons tant d'autres choses sur le cœur, qui le rendent un peu dur. En Afrique, la cordialité était en quelque sorte exubérante. J'ai senti aussi la joie de vivre. Et ce fut une belle impression pour moi : malgré la pauvreté et toutes les grandes souffrances que j'ai vues aussi – j'ai salué des lépreux, des malades du sida, etc – malgré tous ces problèmes et la grande pauvreté, il y a une joie de vivre, une joie d'être une créature humaine. Car il y a une conscience originelle que Dieu est bon et qu'il m'aime. L'homme est un être aimé de Dieu. Cela a été pour moi l'impression disons « prépondérante » : voir plus de joie, plus d'allégresse, dans un pays souffrant que dans les pays riches.
Et cela me fait aussi penser que dans les pays riches la joie est souvent absente. Nous sommes tous tellement occupés avec tant de problèmes: comment faire ceci, comment garder cela, acheter encore... Et avec la quantité de choses que nous possédons, nous sommes toujours plus éloignés de nous-mêmes et de cette expérience originelle que Dieu est un Dieu qui m'est proche. C'est pourquoi je dirais qu'avoir beaucoup de possessions et de pouvoir ne rend pas nécessairement heureux. Ce n'est pas le plus grand des cadeaux. Cela peut même être une chose négative, qui m'empêche de vivre pleinement.
Les mesures de Dieu, les critères de Dieu, sont différents des nôtres. Dieu donne à ces pauvres la joie, la reconnaissance de sa présence. Il leur fait sentir qu'il est proche même dans la souffrance, dans les difficultés. Et bien sûr il nous appelle tous pour que nous fassions tout pour pouvoir sortir de cette obscurité des maladies, de la pauvreté. C'est notre devoir et en le faisant nous pouvons devenir plus joyeux.
Ainsi les deux partis doivent se compléter. Nous devons aider l'Afrique, ces pays pauvres, pour qu'ils puissent dépasser ces problèmes de la pauvreté, nous devons les aider à vivre. Et eux peuvent nous aider à comprendre que les choses matérielles ne sont pas le dernier mot. Et nous devons prier Dieu: Montre-nous, aide-nous, pour qu'il y ait justice, pour que tous puissent vivre dans la joie d'être tes fils!

Pour conclure, un détenu a lu une prière :

Stefano - Sainteté, je m'appelle Stefano, unité G 11.
"Prière de derrière les barreaux"
 :
O Dieu, donne-moi le courage de t'appeler Père.

Tu sais que je ne réussis pas toujours à penser à toi avec l'attention que tu mérites.
Tu ne m'as jamais oublié, même si je vis souvent loin de la lumière de ton visage.

Fais-toi sentir proche, malgré tout, malgré mon péché, qu'il soit grand ou petit, secret ou public.

Donne-moi la paix intérieure, celle que toi seul sais donner.

Donne-moi la force d'être vrai, sincère; arrache de mon visage les masques qui obscurcissent la conscience que je vaux quelque chose seulement parce que je suis ton fils.
Pardonne mes fautes et donne-moi aussi la possibilité de faire le bien.

Abrège mes nuits sans sommeil; donne-moi la grâce de la conversion du cœur.

Souviens-toi, Père, de ceux qui sont à l'extérieur et qui m'aiment encore, car en pensant à eux, je me rappelle que seul l'amour donne la vie tandis que la haine détruit et la rancœur transforme en enfer les longues et interminables journées.
Rappelle-toi de moi, O Dieu, amen.

© Copyright des paroles italiennes de Benoît XVI : Libreria Editrice Vaticana
Traduction française de Zenit par Anne Kurian

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