Va dire à mes frères ! Il me semble qu'il faut évoquer, parlant des dominicaines dans leur lien avec la prédication, l'expérience difficile que font, aujourd'hui, plusieurs congrégations de sœurs apostoliques et plusieurs monastères de l'Ordre. Après des années de déploiement, voilà que ne s'annonce pas la relève pour l'avenir. C'est rassemblés que nous devons traverser cette épreuve, à la fois en soutenant chacun dans sa spécificité et son autonomie, mais aussi en attestant que la mission de la prédication, portée ensemble, d'une part est redevable de tout ce qui a été semé et, d'autre part, est plus  grande que la mission spécifique d'une institution donnée. Je ne peux ignorer comme cela peut être difficile d'affronter concrètement une telle épreuve, de manière réaliste et créative, sans résignation et sans obstination. Il nous faut « passer » du côté de la véritable espérance de la vie, quand quelque chose de la mort se donne à percevoir lorsque l'on doit fermer des maisons en grand nombre et porter trop de sœurs aimées en terre. Pour faire ce passage nous avons besoin, absolument, de nous tenir solidaires et unis afin de préparer l'avenir de la mission  de la sainte prédication à partir des forces présentes. Sans rêver ce qu'elles ne sont pas, sans déterminer ce qu'elles devraient être. Mais en recevant, simplement, la grâce des vocations données et en les ordonnant à la mission commune portée par tous. La consécration et la vie religieuse doivent ouvrir notre espérance aux dimensions du monde, et pour le monde, et nous garder de vivre tétanisé dans le souvenir des gloires passées, ou la paralysie des difficultés présentes. On entend souvent dire que, dans bien des parties du monde, la vie religieuse apostolique – et donc dominicaine aussi – est très vieillissante et ne pourra pas se renouveler comme elle était jadis. Certes. Mais, il y a une grande aventure à vivre dans la vieillesse, qui peut rendre grâce d'avoir été si féconde pour la vie de l'Eglise et de tant et tant de communautés humaines : pouvons-nous, ensemble, apprendre à nous laisser porter par la légèreté de l'action de grâce plutôt que décourager par le poids de l'avenir perdu ? Surtout, nous en sommes tous convaincus, la sainte prédication a besoin, absolument besoin, de la contribution de femmes dominicaines y consacrant totalement leur vie : c'est donc réunis, et à partir de ce qui déjà est bien vivant, que nous devons en préparer les figures possibles. Cette nécessité, cette urgence, d'appeler des femmes à rejoindre la mission de l'Ordre sous ses différentes formes possibles, est l'affaire de tous les membres de la famille dominicaine, les hommes autant que les femmes.

Comme au temps de la prédication de Jésus, comme aux temps apostoliques, comme aussi au temps de la fondation de l'Ordre, en un temps où l'Eglise souligne l'urgence de l'évangélisation, la famille de saint Dominique, « famille pour l'évangélisation » a aujourd'hui plus que jamais le devoir de se laisser constituer par la fraternité qui « prêche la Parole ». Va dire à mes frères...

Belle et heureuse année à toutes et tous !

Rome,  le 13 janvier  2012

fr. Bruno Cadoré O. P.
Maître de l'Ordre

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